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mardi 23 avril 2024

Quand les albums jeunesse jouent avec le livre

Léopold, libraire idéal. (c) Albin Michel Jeunesse.


En cette Journée mondiale du livre, quatre albums jeunesse à destination des enfants des classes maternelles qui parlent de... livres et de leurs usages, qui en jouent et plaident pour la lecture.

A quoi servent les livres? 😏

L'album le plus aventureux car mêlant divers points de vue tout en étant sensible et drôle, est "Interdit de manger les livres!", de Carlie Sorosiak, illustré par Manu Montoya (traduit de l'anglais par Anne Léonard, Albin Michel Jeunesse, 40 pages). Venu de Grande-Bretagne et premier livre illustré en français d'une auteure de romans jeunesse chez Casterman, il met en scène Léopold, un bouc qui tient une librairie à l'ancienne, aux étagères en bois un peu foutraques. Un lecteur enchanté qui se projette dans les histoires qu'il lit avec appétit. Le boutiquier n'est jamais aussi heureux que quand il conseille à ses lecteurs, humains ou animaux, des livres qui les réjouissent. "Chaque livre allait à son lecteur comme un pull chaud et confortable. Cela rendait Léopold heureux."

Les choses se compliquent lorsqu'un autre bouc passe le pas de la porte et demande "un bon livre". Léopold a à peine choisi un titre pour le visiteur que celui-ci en mange les pages. "Non, les livres ne sont pas faits pour être mangés!" Ah non? Voilà le libraire confronté à un fameux défi, répondre à la question de son nouveau client: "A quoi servent les livres si ce n'est pas à être mangés?" Pour lui, il explore tous ses rayonnages, croit faire les meilleurs choix. Raté, le bouc dévore tous les livres qui lui sont proposés. Sans même les payer.

La solution, touchante, viendra de la femme de Léopold. Elle l'invite à se souvenir du premier livre qu'il n'a pas mangé tellement il l'avait enthousiasmé. "Il [le livre] m'a fait réfléchir et grâce à lui, je me suis senti moins seul." Il retrouve le volume et le propose à son jeune client. Et cela marche. Le jeune bouc est pris par l'histoire, à tel point qu'il en réclame plein d'autres.

La révélation. (c) Albin Michel Jeunesse.

Un agréable plaidoyer pour la lecture et ses pouvoirs réconfortants et une célébration des libraires, qui peut être étendue aux bibliothécaires, Léopold n'ayant pas trop l'air d'un manager. De facture classique, les gouaches de Manu Montoya témoignent d'une belle liberté d'interprétation du texte. Dès 5 ans.
 
 
Livre magique 😃
 
Bigre! L'annonce en titre fait frémir, "Le livre qui peut lire dans ton esprit". Qu'a donc concocté l'Italienne Marianna Coppo en convoquant une Madame Loyale répondant au nom de Lady Rabbit (traduit de l'italien par Christian Demilly, Grasset Jeunesse, 48 pages)? Car c'est bien sur une scène de théâtre joliment ornée et agrémentée de détails amusants que se déroule l'histoire. En deux tons doux, un vert plus appuyé que celui de Ladurée à Paris et un rose un peu passé, le spectacle interpelle directement l'enfant lecteur. Lui glisse qu'il sera question de magie, "Prestigieux lecteur"... Il le chambre avec quelques tours simples avant de passer à son véritable propos, lire dans l'esprit de celui ou celle qui lit! Une double page lui présente le public, soit trente-six spectateurs, tous différents. Il s'agit d'en choisir un en secret, de dire à quelle rangée il est assis, de se rendre à la page indiquée, de le repérer à nouveau après l'entracte, de répondre à la même question et de foncer en page finale. Il se trouve là où le livre l'a indiqué! C'est magique, réussi, addictif et terriblement amusant. Et chapeau à l'artiste pour la mise en scène théâtrale de son propos.

Lady Rabbit chauffe la salle, euh, les lecteurs. (c) Grasset Jeunesse.

Bien sûr, le tour est connu depuis longtemps, depuis le XVe siècle, mais il est drôlement efficace et fonctionne parfaitement dans sa version livresque. Le graphisme très délicat de Marianna Coppo ajoute le plaisir de découvrir ces trente-six personnages plus charmants les uns que les autres, permettant de multiples lectures. Dont celle en flip-book qui fait danser une patate en coin de page, à l'endroit et à l'envers. L'album est encore accompagné d'un thaumatrope, ce jouet optique exploitant la persistance rétinienne.

Tous les spectateurs ont changé de place à l'entracte. (c) Grasset Jeunesse.

A noter que "Le livre qui peut lire dans ton esprit" paraît également aux États-Unis chez Chronicle Books, en Allemagne chez Peter Hammer Verlag, en Espagne (espagnol et catalan) chez Andana editorial, en Italie chez Quintoquarto, en Roumanie chez Editura Frontiera, ainsi qu’en Chine (chinois traditionnel). Magique! 
 

Et aussi

 

La meilleure histoire du soir... et au lit
Louise Fitzgerald et Kate Hindley
traduit de l'anglais par Mathilde Colo
Little Urban, 32 pages
 
Il faut bien un grand format presque carré pour accueillir les pitreries, développées sur doubles pages, de ces cinq enfants animaux au moment du coucher. Bain pris et dents brossées, ours, chien, chat, canard et écureuil attendent que leur soit racontée par un adulte la MEILLEURE histoire du soir. Une histoire qui tient en trois phrases seulement! Lesquelles? C'est bien la question car elle va être précédée de nombreux épisodes perturbateurs: promesses des enfants et des adultes, échauffement de la voix, étirements, gonflage des oreillers, ramassage des doudous, fanfare, verre d'eau, pipi... En dessins extrêmement riches et terriblement amusants, voilà tout le rituel du coucher revisité avec humour jusqu'à la fameuse meilleure histoire en trois phrases qui s'accompagne d'une autre, en trois phrases encore plus courtes. Un album de complicité entre parents et enfants.
 

Qui a volé le sommeil?
Anete Melece
traduit du letton par Emmanuèle Sandron
l'école des loisirs/Pastel, 40 pages

De super efficaces dessins aux feutres de couleurs vives, sans serti noir, conférant une belle énergie à cette histoire de sommeil disparu. Que se passe-t-il? Maman doit travailler dans son bureau. C'est donc Papa qui lit l'histoire du soir à Stella. Mais après neuf histoires dont les scénarios apparaissent en dessins, la petite fille ne dort toujours pas. Et pour cause, le sommeil commandé a bien été livré mais il a été volé. Par qui? Avec doudous et peluches, père et fille mènent l'enquête à travers toutes les pièces de l'habitation. Rien. Nulle part. Mais ils n'ont pas visité la dernière pièce... Un cluedo light réjouissant.

A noter le choix des neuf histoires, drôles comme la paire de bas dansant la samba ou la licorne prétentieuse, plus contemporaine quand il s'agit de philosopher avec les arbres ou de voir une Terre sous canicule.

 

 

 

 




lundi 22 avril 2024

Le décès d'Etienne Delessert, créateur de Yok-Yok

Étienne Delessert.
 
Incroyable! Étienne Delessert a perdu un combat. L'énergique auteur-illustrateur suisse est décédé des suites d'un cancer dans la nuit de dimanche à ce lundi 21 avril à Lakeville (Connecticut). Il avait fêté ses 83 ans début janvier. L'artiste, créateur du célèbre personnage de Yok-Yok, résidait avec son épouse américaine, la graphiste et éditrice Rita Marshall, aux Etats-Unis depuis près de 40 ans (1985). Une incroyable maison où chacun avait son atelier (lui dans le grenier, elle dans le jardin) et où a grandi leur fils Adrien, 36 ans, la prunelle de ses yeux, aujourd'hui ingénieur en informatique.
 
Étienne Delessert, ce sont mille vies en une. Un talent d'artiste inouï qu'il a développé en autodidacte à travers plus de 80 livres, "Yok-Yok" bien entendu mais tant d'autres aussi, sans compter les diverses illustrations, peintures et sculptures. Un plaisir immense de prendre et reprendre ses pinceaux pour des créations magnifiques. Une énergie peu commune entièrement tournée vers l'aboutissement de ses multiples projets, livres, amitiés, amours, enthousiasmes professionnels. Une détermination inébranlable à sauver et à défendre la beauté, la complexité, l'exigence, à pourfendre la mièvrerie.
 
Figure essentielle de la littérature de jeunesse telle qu'on la connaît, Étienne Delessert a séduit les enfants par son œuvre juste, honnête, généreuse, même si peu conventionnelle d'apparence. Avançant en âge, il s'y est même confié, lui, l'homme secret, dans une dimension universelle. Pilier de l'édition jeunesse, il a été un acteur et un témoin de tout ce qui a marqué le genre. Ce n'est pas pour rien qu'il a voulu sauver le site français Ricochet et qu'il y est parvenu (lire ici), créé par Janine Despinette (lire ici). Ce n'est pas pour rien qu'il a créé en 2017 "Les Maîtres de l'imaginaire", réunissant les archives des meilleurs artistes mondiaux de la littérature de jeunesse (lire ici).
 
Étienne Delessert, c'est un auteur-illustrateur que j'ai rencontré "pour de vrai" très tardivement, en 2009, lors de son exposition à Moulins, même si j'avais lu et chroniqué dans "Le Soir" la majorité de ses albums. Il en fut fort surpris et moi j'ai découvert un homme charmant. Pourtant, Étienne Delessert, je l'avais vu souvent, de loin, à la Foire du livre pour enfants de Bologne, dès 1985. Il animait des rencontres à ce qui allait être le Café des illustrateurs. Il accompagnait son épouse Rita Marshall qui y recevait nombre de distinctions, pleinement justifiées. Il régnait sur le stand suisse. Mais il me faisait peur. Trop doué pour que je l'ose l'aborder. Trop précédé d'une réputation de colérique.
 
Une fois le contact établi en France, nous sommes toujours restés en lien. Souvent par Skype, le soir pour moi, bien plus tôt pour lui. Ensuite sur WhatsApp. De quoi nous rattraper. Il m'a raconté tant de choses. Sur lui, ses projets, ses idéaux, ses combats, ses regrets, ses colères aussi. Un de ses derniers souhaits était de créer un cours de lecture des images à destination des adultes. Étienne Delessert était mon ami.

Pour voir une vidéo rétrospective sur lui, créée par son fils Adrien en avril 2021, c'est sur Vimeo (ici).
 
 
Pour lire ce que j'ai écrit sur Étienne Delessert, nouveaux livres et projets, dans ce blog, c'est ici.


 

Tout le monde lit le 23 avril


 
Le 23 avril est la Journée mondiale du livre pour les uns, la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur pour les autres, la date officielle de la Fête de la librairie indépendante par les libraires indépendants, cette dernière étant célébrée le samedi le plus proche - nous y reviendrons.

En Belgique, depuis 2018, les éditeurs jeunesse belges et l'ADEB (Association des éditeurs belges) ont choisi la date du 23 avril, pour promouvoir la lecture des enfants avec l'opération "Tout le monde lit", peu importe le jour de la semaine où elle tombe (lire ici).

En 2024, ce sera donc un mardi. Demain même. Il est proposé à chacun et chacune d'organiser un quart d'heure de lecture (album, BD, manga, roman, e-book ou autre, au choix) pour tout le monde, à l’école, à la maison, au boulot, dans les transports, au parc... Et de propager ce quart d'heure symbolique dans les écoles bien entendu mais aussi dans les familles et les entreprises. De ne pas le réserver au 23 avril mais de l'étendre à tous les autres jours de l'année.
 
Comme l'oiseau, l'opération "Tout le monde lit" fait petit à petit son nid. De plus en plus de classes prennent part au quart d'heure de lecture quotidienne. Certaines écoles le font en début de journée, d'autres après la pause de midi. C'est réjouissant mais diablement nécessaire au vu des résultats toujours insatisfaisants révélés par l'étude PIRLS 2021 (lire ici).
 
S'appuyant sur le Mémorandum présenté par l'Association des éditeurs belges (ADEB) en décembre dernier (lire en résumé plus bas ou en totalité ici), l'association Tout le monde lit interpelle les pouvoirs publics dans le cadre de la Journée mondiale du livre du 23 avril. En trois propositions concrètes, similaires à celles de l'ADEB, elle incite à faire de la lecture une voie d'accès à la citoyenneté. En effet, lire un quart d'heure tous les jours forme les futurs acteurs de la société. En tentant l'expérience, enseignants comme élèves ont découvert que la lecture plaisir permet d'augmenter les facultés de concentration, de mieux comprendre le monde, d'apprendre à se connaître, d'explorer sa propre imagination.
 
La Fédération Wallonie-Bruxelles a déjà répondu à l'appel et s'associe pratiquement à l'opération qu'elle soutient. Dans cette optique, le mardi 23 avril, les membres du personnel de la FW-B sont invités à faire une pause dans leur travail pour consacrer 15 minutes à la lecture. En télétravail ou au bureau, en solo ou lors d'un moment partagé, chacun et chacune selon l'option qui lui convient le mieux.  

Frédéric Delcor, Secrétaire général, détaille les bienfaits de la lecture: "Pourquoi c'est important de lire? Chacun peut avoir des réponses à cette question. Lire, c'est un formidable moyen de s'extraire de la frénésie du monde. On vit tous des moments de saturation... On est dans un monde hyperconnecté, avec des changements permanents, des crises importantes... On doit tout le temps être en action. On a besoin, de temps en temps, de pouvoir s'extraire de cette frénésie, de pouvoir se recentrer, de pouvoir respirer. Et donc pour notre santé mentale, pour notre bien-être, pour la gestion de notre anxiété, lire c'est vraiment bon!"
 

Alors, comment faire pour participer à "Tout le monde lit"? C'est tout simple, prendre un livre, trouvé en bibliothèque ou en librairie, chez soi ou ailleurs, et y plonger. 

Pour se convaincre, la campagne de communication décalée en sept épisodes, #JpeuxPasJeLis (ici).

 
Pour se lancer, le "podcast qui donne envie de lire" (ici).
 
 
Pour s'équiper, la boîte à outils (ici), dont notamment les conseils de Philippe Brasseur.



Pour attendre l'année prochaine, découvrir le concours de dessin et d'écriture annuel aujourd'hui terminé. Il était demandé aux classes de proposer une suite au récit "Comment photographier le Smorp?" imaginé par Mathieu Pierloot (ici).

Le Smorp.


Infos pratiques sur l'opération Tout le monde lit ici.

 
La lecture, voie d'accès à la citoyenneté
Le Mémorandum de l'ADEB, "Le livre forme les citoyens d'aujourd'hui et de demain", priorités du secteur de l'édition francophone pour 2024-2029, en résumé:
 
L'Association des éditeurs belges demande de:
  1. développer une politique du livre et de la lecture dans le circuit scolaire, dès la maternelle
  2. assurer la présence du manuel scolaire et universitaire ainsi que des ouvrages de référence dans les apprentissages
  3. favoriser l'accès au livre pour tous
  4. assurer la stabilité de l'écosystème de l'édition.

 
 
 
 
 
 
 
 

samedi 20 avril 2024

Les prix Scam et SACD belges 2023 célèbrent les femmes artistes

La proclamation festive et colorée.

 
Roulements de tambour, et même "pour de vrai" en cette soirée du vendredi 19 avril. Les comités belges de la Scam et de la SACD ont proclamé leurs prix 2023 lors de la traditionnelle soirée festive "Famous in Belgium". Un palmarès féminin en ce qui concerne la Scam, très féminin pour la SACD, présenté par deux maîtresses de cérémonie, la rouge et la noire, Marie-Paule Cumps et Isabelle Wéry.
 

Palmarès 2023

Prix Scam

 
Prix du documentaire audiovisuel - Coline Grando, pour "Le Balai libéré, écoutez cette histoire que l'on m'a racontée". La réalisatrice confronte l'histoire des femmes de ménage de l'UCL des années 70 qui ont mis leur patron à la porte et ont créé leur propre coopérative aux nettoyeurs et nettoyeuses d'aujourd'hui.
"L'argent, c'est le nerf de la guerre, surtout en documentaire. Avec ce film, j'ai eu assez d'argent pour faire tout ce que je voulais. C'est une chance."


Prix parcours sonore - Anne Versailles, la "géopoète" qui peint avec des mots et des sons.
"Le parcours est un chemin. Le prix est un cadeau du chemin. Le parcours est aussi le droit de libre circulation, ce que j'ai trouvé dans le son."


Prix parcours littéraire - Ariane Le Fort, enseignante et romancière, formidable créatrice d'histoires littéraires (lire ici).
"J'ai appris ce prix au moment où j'ai décidé d'arrêter d'écrire. La disparition des éditions ONLIT, la difficulté du secteur du livre... J'écris depuis plus de trente-cinq ans, une littérature de l'intime. Ce prix va-t-il me faire continuer?"

 
Prix parcours texte et image - Dominique Goblet, dessinatrice, autrice de bande dessinée, plasticienne, enseignante.
"Je remercie les mourants, je remercie les vieux, je remercie les malades, (...) je remercie ceux qui ramassent, ceux qui réparent (...)"


Âmes sœurs de la Scam
  • Ariane Herman (librairie Tulitu)
  • Pauline David (Le P'tit Ciné - Regards sur les Docs)
  • l'équipe de Radio Panik
 

Prix commun SACD x Scam  

 
La Scam et la SACD s'unissent dans ce prix qui salue une autrice multiforme, Karine Birgé, ainsi que sa complice Marie Delhay, pour son documentaire "Bon voyage" et son travail avec la compagnie Karyatide.
 

Prix SACD  

 
Prix spectacle vivant - Eline Schumacher, pour "L'amour c'est pour du beurre".
 
Prix théâtre jeune public - Marie Burki, Garance Durand-Caminos et Tom Geels, pour "Dominique toute seul".
 
Prix humour - Boris Prager, pour "Tuning", sa première pièce.
 
Prix cinéma - Emmanuelle Nicot, pour "Dalva".
 
Prix série - Sophia Perié, Barbara Abel, Julien Gras-Payen et Indra Siera, pour "Attraction".
 
Prix radio - Camille Freychet, pour "Ouvrir la brèche".
 
Jumelles d'or
  • Le Créahmbxl et le Créahm Liège
  • The Extraordinary Film Festival
 
Un texte de Jean-Pierre Verheggen lu par Frédéric Young, délégué général de la Scam et de la SACD pour la Belgique, a clôturé la proclamation. Roulement de tambours et levers de verre, la soirée "Famous in Belgium" débutait.
 

 

 

 


jeudi 18 avril 2024

Choses vues à la Foire du livre de Bologne 2024

Le stand dPictus, décoré par Kitty Crowther et Johanna Schaible.


Tout voir à la Foire de Bologne, même si elle dure quatre jours, est une illusion. Alors, faisons quelques arrêts au détour des allées.

Le stand dPictus ne désemplit pas. Éditeurs et illustrateurs s'y donnent régulièrement rendez-vous. La plateforme de livres non publiés met en contact les uns et les autres avec un certain succès: 80 titres ont trouvé éditeur grâce à elle en cinq ans. Elle met aussi une centaine de titres en avant chaque année, ses "cent titres remarquables" (lire ici).

Les albums en attente d'éditeur.


Cette année, dPictus a également mis l'accent sur les livres de Palestine, ou à propos de la Palestine.


A propos de la Palestine chez dPictus.

 
La Palestine était aussi représentée par le Tamer Institute for Community Education de Ramallah. Il fut lauréat du prix Astrid Lindgren en 2009. Ce que j'en écrivais dans Le Soir à l'époque:
"Cette année, et pour la deuxième fois, c'est une organisation qui est honorée par le prix Astrid Lindgren, le Tamer Institute for Community Education. Fondé en 1989 et basé à Ramallah, cet organisme indépendant travaille en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, dans les villages et dans les camps de réfugiés. "Avec persévérance, courage et débrouillardise", explique le jury, "l'Institut Tamer stimule depuis vingt ans le goût de la lecture et la créativité chez les jeunes Palestiniens. Dans l'esprit d'Astrid Lindgren, il considère le pouvoir des mots ainsi que la puissance du livre, du récit et de l’imagination comme des clés essentielles pour le goût de vivre, l'estime de soi et la tolérance."
C'est exactement la ligne de pensée de la créatrice de la célèbre rebelle aux tresses rousses, Fifi Brindacier. Astrid Lindgren a toujours défendu l'idée qu'une littérature de qualité offrait aux enfants une place dans le monde, et au monde, une place chez les enfants."

Le stand du Tamer Institute.

 
Soutien à la Palestine encore au stand "Drawing for Palestine", où plus de cinquante artistes en littérature jeunesse, principalement Italiens, mais pas que, offraient une œuvre dont la vente ira à une ONG active dans les territoires affectés par le conflit.
 
Ximo Abadia.

Francesco Chiacchio.




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et encore, ici et là, 

L'organisation par les Editions Lecturita d'Argentine d'un concours international de livres d'images afin de promouvoir et encourager la création de livres illustrés pour enfants. Doté de 4.000 $ et accompagné de la publication du livre lauréat, le concours a débuté le 15 janvier 2024 et est accessible jusqu'au 15 juillet 2024, explique Celina Alonso, responsable de la maison d'édition. Il est ouvert aux écrivains et illustrateurs de plus de 18 ans de toute nationalité. Le projet de livre illustré est libre de thème et de technique. 

Le jury comprendra des auteurs et illustrateurs de renom tels que Ana Sender, Fran Pintadera (lauréat d'un prix IBBY Belgique francophone 2023, lire ici) et Merce Gali (Espagne), Andrés López (Mexique), Nicolás Schuff et Yael Frankel (Argentine), Roger Ycaza (Équateur), Dipacho et Jairo Buitrago (Colombie), Micaela Chirif (Pérou) Lawrence Schimel (États-Unis) ) et Alejandra Acosta (Chili).

Toutes les informations sur le concours sont disponibles ici.

Celina présentant le catalogue des éditions Lecturita à la Foire de Bologne.

 
La parution d'un catalogue papier de 262 pages présentant les couvertures des 900 albums en toutes langues réunis au Fonds Sergio Silva. Rappelons que Sergio Silva fut juré pendant dix ans (1973-1983) du prix graphique de la Foire (lire ici). Le catalogue en ligne existe bien entendu toujours (ici). A noter à l'agenda, la journée d'étude consacrée à Mitsumasa Anno le 20 octobre à Parme (infos à info@fondosergiosilva.org).



 
Des classiques en italien,
 
Chez Kalandraka.
Chez Lupoguido.
Chez Adelphi Edizione,...
... Maurice Sendak trône en majesté.

 

Des titres qui accrochent le regard,

"Buffalo Belle", d'Olivier Douzou.
Charles Berbérian, lauréat BRAW2024.
"Le joueur d'échecs" de David Sala.
Un essai sur Gerda Dendooven.
"Mariedl", de Laura Simonati, primée à Bologne en 2023, en italien.

 

Des stands qui se remarquent,

Moomin, bien entendu.

Les 20 ans de Topipittori, dans une affiche de Beatrice Alemagna.
Les 30 ans de l'album "Devine combien je t'aime", de Sam McBratney et Anita Jeram, chez Walker.
Sorti en 1994 aussi chez Pastel, branche belge de l'école des loisirs.
Publis'her, ou l'édition au féminin.
La solitude de l'artiste à sa tablette graphique.
 
 
La Foire du livre de Bologne, ce sont aussi de multiples réunions, dont celle qui a conduit à la création du premier Réseau Européen des manifestations et festivals de littérature et bande dessinée jeunesse. On y trouve le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis qui fête cette année ses quarante ans, rejoint par quinze premiers membres: Book Arsenal Festival (Ukraine), Centre de la littérature jeunesse estonien (Estonie), Create Festival (Danemark), Festival Tabook (République tchèque), Festival international de la bande dessinée et des jeux (Pologne), Flic Festival (Espagne), Foire du livre de Genève (Suisse), Foire de Francfort (Allemagne), Foire du livre de Bruxelles (Belgique), Foire du livre de jeunesse de Bologne (Italie), Foire du livre de Göteborg (Suède), Fondation hellénique pour la Culture (Grèce), Salon du livre de Madrid (Espagne), Hamelin, association culturelle (Italie) et Vaikų žemę (Lituanie).

Le réseau européen.
 
La BCBF, c'est aussi l'annonce du 39e congrès IBBY à Trieste les 30 et 31 août et 1er septembre 2024.
 
La Fiera del libro per ragazzi 2024, c'est fini!