Nombre total de pages vues

lundi 5 mars 2012

L10 super, le texte des libraires!










Voici le texte que le Syndicat des Libraires Francophones de Belgique (SLFB) a écrit, en réponse à des propos tenus par Ana Garcia, commissaire générale de la Foire du livre de Bruxelles, dans "Le Soir" du 27 février.
Propos qu'Ana Garcia a depuis démentis, jugeant qu'on les avait déformés.


En tout cas, chapeau au SLFB pour ce texte aussi ferme que positif et créatif!
 
Dans le Soir de lundi, la Commissaire Générale de la Foire du Livre s’est réjouie du nombre impressionnant de livres (250.560, quelle précision !) et d’éditeurs présents à Tour et Taxis, estimant que « quand le lecteur se rend chez le libraire, le choix est limité » et qu’il  « doit choisir ce que ce dernier propose en fonction de l'actualité. » Nous voulons croire que la Commissaire Générale s’est laissé emporter par l’excitation du moment. Ana Garcia fréquente pourtant des librairies indépendantes, où elle ne manque pas de puiser des idées pour la Foire, et devrait donc savoir qu’un stock de librairie se répartit entre livres de fond et nouveautés. Les libraires mobilisent de l’argent et du temps pour que soient en permanence présents dans leurs rayons des ouvrages sortis de l’actualité depuis des mois, des années, des siècles et pour certains, deux ou trois millénaires. Bien sûr le libraire aime aussi présenter de belles tables chargées de nouveautés, de livres innovants, divertissants, ou intrigants, pour montrer la richesse de la création contemporaine, mais en aucun cas, il ne limite son offre à l’actualité et ne restreint le choix du lecteur. Quel plaisir, au contraire, de lier, dans une même discussion avec ses clients, tel auteur à la mode à tel auteur oublié, et de faire avec eux cet incessant voyage d’hier à aujourd’hui ! Et, magie du monde moderne, il accède facilement à des millions de livres qu’il peut commander très rapidement. La Fédération Wallonie-Bruxelles ne s’y est pas trompée qui a créé un label de qualité destiné aux librairies dont un des critères principaux est la présence et la richesse d’un fond permanent. Plus de soixante librairies francophones ont à ce jour reçu ce label.
La Commissaire Générale devrait aussi être plus attentive au sort réservé aux petits éditeurs dans les librairies. « La Foire du livre est l'occasion pour le public d'aller à la rencontre des petites maisons d'édition qui n'ont pas la visibilité qu'elles méritent », nous dit-elle. C’est pourtant là une autre caractéristique du travail quotidien en librairie: offrir une vitrine à des éditeurs dont le travail nous passionne et qui ne bénéficient pas souvent d’une couverture médiatique. Cette présence en librairie n’est pas toujours rentable mais jamais les libraires ne s’en plaignent. Contrairement à la Foire, aucune librairie ne fait payer à un éditeur l’espace qu’elle lui consacre. Lorsque la Foire du Livre annonce 1400 éditeurs, il conviendrait de préciser que beaucoup ne sont pas là en leur nom mais parce que leur distributeur les représente, et que ce qui en est montré est très souvent une portion congrue. De nombreux petits éditeurs ne peuvent accéder à la Foire en raison du coût important de la location d’un stand et des coûts annexes, pour un retour sur investissement très hasardeux. Faire connaître ces éditeurs, les lire, les conseiller : ce travail dépend au quotidien d’un maillage de librairies.
Les libraires, dans leur grande majorité, aiment la Foire du Livre parce qu’elle donne un coup de projecteur sur l’édition et qu’elle cristallise, le temps d’une semaine, les passions, les envies et le plaisir de la lecture. Beaucoup y sont impliqués et espèrent son succès. Mais ils pensent que la Foire devrait aussi aider à la reconnaissance de leur travail, car tous, auteurs, éditeurs et lecteurs ont à y gagner. La Commissaire Générale elle-même ne dit-elle pas que «produire un livre est une chaîne où chaque maillon est nécessaire » ? Le maillon libraire aimerait que la Foire du Livre n’utilise pas le dénigrement de son difficile mais joyeux travail pour faire valoir le sien.

Complétons le dossier par les propos d'Ana Garcia, tels que parus dans le journal.

La Foire du livre de Bruxelles s'ouvre ce jeudi, à suivre chaque jour dans votre journal. « Sex, books and rock'n roll » : un thème provocant pour un secteur plein de vitalité, malgré les nombreux défis. Débats, concerts et signatures au programme.

Vingt mille mètres carrés d'exposition, mille trois cents éditeurs et un millier d'auteurs attendus. Des chiffres qui donnent le tournis. Les champions de la file d'attente pour les signatures ? Toujours les deux mêmes : Eric-Emmanuel Schmitt et Amélie Nothomb, toutefois dépassés l'an dernier par l'énorme succès de Charles Aznavour venu dédicacer ses mémoires.
Outre ces amusantes statistiques, la « Foire » comme l'appellent familièrement les professionnels de l'édition, c'est avant tout l'occasion de prendre le pouls d'une profession en pleine mutation, mais aussi une rencontre entre professionnels du métier et lecteurs réunis autour d'une offre exceptionnelle, mise en place autour d'un thème 2012 volontiers provocant : sex, books and rock'n'roll. « Quand le lecteur se rend chez le libraire, le choix est limité, constate Ana Garcia, la commissaire générale de la Foire. Il doit choisir ce que ce dernier propose en fonction de l'actualité. La Foire du livre est l'occasion pour le public d'aller à la rencontre des petites maisons d'édition qui n'ont pas la visibilité qu'elles méritent. Produire un livre est une chaîne où chaque maillon est nécessaire. Grâce à la Foire, on met, une fois l'an, tous ces métiers sous les projecteurs. »
La commissaire ajoute que le livre a un énorme pouvoir dans nos sociétés modernes : il peut y faire figure de simple loisir, mais aussi devenir un instrument subversif d'une importance énorme, capable de renverser l'ordre établi et de déchaîner les foules par la transmission des idées. « Le livre fixe, à un moment donné, l'esprit humain et permet de le transmettre. Il est facile d'accès. C'est un instrument traditionnel, pas besoin d'électricité pour le savourer, sauf si vous décidez de lire la nuit… et il est en même temps moderne, car transmetteur d'idées nouvelles. »
Même si l'image et le numérique deviennent prépondérants, le papier garde une place importante dans nos vies… Le journal que vous tenez en main est fait de papier… Cela étant, les avancées numériques seront également au menu cette année, et nous en reparlerons abondamment tout au long de la semaine. Dans une société où l'image est reine, le livre est, selon Ana Garcia, « la possibilité pour le lecteur de lutter pour son droit à l'imagination ». Un droit que les 72.000 visiteurs (chiffre de l'an dernier) peuvent exercer avec volupté dès ce jeudi matin à Tour & Taxis.


1 commentaire:

  1. Massot Jean-Louis6 mars 2012 à 07:57

    Entièrement et totalement d'accord avec la réponse du SLFB. C'est toute l'année que chez certains libraires (malheureusement pas assez) la "petite" édition est représentée. Une foire du livre, 5 jours par an où l'on peut montrer ses nouveautés, son fond, inviter des auteurs, on ne va pas cracher dans la soupe, mais quel investissement, quelle énergie, il nous faut déployer pour apparaître un peu.

    RépondreSupprimer