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mardi 31 juillet 2012

LFIR LU cie & co a un an

UN AN aujourd'hui. Ce qui vaut sans doute un gâteau, une bougie, un bouquet de fleurs, un texto, un message, un tweet...
Ce qui donne envie d'aller voir d'autres fêtes d'anniversaire.
Sélection de nos albums chouchous, comme ils sont revenus au gré de la mémoire.

"Monsieur le lièvre, voulez-vous m'aider?", de Charlotte Zolotow, illustré par Maurice Sendak (l'école des loisirs).

Une petite fille en chapeau de paille demande l'aide d'un lièvre pour trouver un cadeau d’anniversaire à sa maman. La conversation entre les deux a un charme fou, relève de la pure poésie. Ce petit chef-d'œuvre, né en 1962 aux Etats-Unis, a été traduit en français dès 1970. L'histoire avance autant dans le texte, délicat, savoureux, que dans les images, belles et terriblement évocatrices. Très expressifs dans leurs mimiques tous les deux, la petite fille comme le lièvre célèbrent d'une manière infiniment douce les bonheurs que l'existence met à la portée de chacun.


"L'anniversaire de Monsieur Guillaume" d'Anaïs Vaugelade (l'école des loisirs)

Comme aujourd'hui c'est son anniversaire, Monsieur Guillaume a décidé de déjeuner au restaurant. Il emmène tous ses amis, invite chacun à établir son menu préféré. Un texte chantant et une petite bande qui s'étoffe de page en page. La petite poule, le rat, le chat, le cochon d'hiver se joignent à Monsieur Guillaume. Même le loup...Et c'est un menu inattendu mais fédérateur qui attend tous les convives.


"Blaise et le château d'Anne Hiversère", de Claude Ponti (l'école des loisirs).

Un album, festif, joyeux, gourmand et gourmet, débordant de personnages, en grand format. Des poussins, par dizaines, par centaines, par milliers, tous différents, tous réussis, des nouvelles têtes bien amusantes et des invités dont la diversité ahurit. Blaise, le poussin masqué, coordonne la fête surprise que les poussins organisent pour Anne Hiversère, leur meilleure amie. Même que chaque poussin est aussi son meilleur ami! L'équipe a dix jours pour mener à terme son entreprise gourmande. L'édifice à construire sera le plus incroyabilicieux des châteaux-gâteaux. Les meilleurs ingrédients sont au rendez-vous: les œufs  d'Olga Ponlemonde, l'eau des Grobinets, le lait du Lac Tésibon, le chocolat de la mine, la farine éclapatouillée, le sucre des cimes (celui des mers aussi), les fruits délicieux. Les invitations, portées par les Boîtalettres qui connaissent les adresses, parlent, elles, d'un château superirrésistibilicieux! Château? Gâteau? Autant de glissements joyeux au fil d'innombrables jeux de mots, de langage, de signes, rythmés par la présence continue de Métantan-Skontdi et Métébouché, les poussins qui ritournellent "Pète et Répète sont dans un bateau. Pète tombe à l'eau. Qui reste?"
L'apothéose de cette pièce savamment montée a lieu le dixième jour à 1 h 25 mn 67 s, heure de naissance d'Anne Hiversère. Une double page hallucinante où apparaissent bien des personnages des livres et des histoires qui ont compté pour Ponti petit, et aussi grand (liste en pages de garde): Max et les Maximonstres, Gaston Lagaffe, Dumbo, Alice, Batman, les bébés de Nicole Claveloux, John Chatterton pour ne citer qu'eux..


"Un jour spécial pour Petit-Bond", de Max Velthuijs (Pastel).

Petit-Bond déjeune, toute excité: aujourd'hui est un jour spécial, lui a dit le Lièvre. Petit-Bond est intrigué. Il interroge ses amis. Pas d'explication. La grenouille sent la mauvaise humeur monter en elle, puis l'angoisse: ses amis ont peut-être décidé de faire une fête sans lui? Torturé, désappointé, il rentre chez lui où l'attend une très agréable surprise: une fête d'anniversaire! L'album explore finement la propension humaine à retourner contre soi une agressivité née d'un malaise.


"Patatras!", de Philippe Corentin (l'école des loisirs).

Vrai gentil ou faux méchant? Le loup né des pinceaux de Corentin vaut le détour. Il se présente comme un dégueulasse, se vante de croquer chaque lapin qui passe. En réalité, c'est un solitaire, en mal d'amitié. Qui viendra à son secours? Précisément les bouffeurs de carottes! Ils ont réservé à leur pseudo-ennemi une extraordinaire fête d'anniversaire. Un album à la tendre ironie naissant des récits croisés.


"La surprise de Biboundé", de Michel Gay (l'école des loisirs).

Biboundé, le petit manchot empereur qui vit sur la banquise, reçoit un bateau pour son anniversaire. Mais en le faisant naviguer, il le perd. Tous ses amis veulent l'aider et partent à la recherche du cadeau égaré. Ce qui va donner un enchaînements d'événements imprévus et très drôles.


"Mik", d'Olivier Douzou (MeMo).

 Mik est un hérisson, piquant dehors mais tout doux dedans. Il es un peu dépité: lors de son anniversaire, il n'a rien reçu de ce qu'il espérait. Il a eu un mikado, un nounoursin et un peigne! Tout du pointu alors qu'il rêve d'un ballon, pas un qui pique comme un marron, non, un ballon en baudruche, rond, doux, mou... Mais les contraires s'attirent et leur rencontre peut être explosive. Heureusement, un gentil Monsieur Kaktux lui glisse en finale son affection consolatrice. Constellé de points rouges et verts qui renvoient aux accords et aux interdits faits aux bébés: on ropose aux enfants du mou et du coin arrondi alors qu'ils sont attirés par l'angle et le piquant.


"Joyeux anniversaire Lola!", de Carl Norac, illustré par Claude K. Dubois (l'école des loisirs/Pastel).

Ce matin, Lola le hamster bondit de son lit. C'est son anniversaire! Mais que c'est long d'attendre les invités. Lola trépigne d'impatience. "Aujourd’hui, je suis le capitaine parce que c'est mon anniversaire!", déclare-t-elle. Tous les amis profitent de la fête quand tout à coup, ils s'aperçoivent que Lola a disparu…


"Le têtard mystérieux", de Steven Kellogg, traduit de l'américain par Bernard Prouvost (l'école des loisirs).

Paru en français en 1982, cinq ans après sa sortie aux Etats-Unis, cet album demeure l'un des plus rigolos du monde. On y suit de bout en bout la croissance du plus beau cadeau d'anniversaire que Louis ait reçu de sa vie: un têtard, envoyé par son oncle McAllister d'Ecosse… Nourri au hamburger, Alphonse grandit à toute allure sans trop vouloir devenir la grenouille annoncée par la maîtresse d’école. Du bocal, il passe à l'évier de la cuisine, puis à la baignoire, bientôt trop petite. Où caser le charmant mais encombrant cadeau? Louis le déménage en secret à la piscine du lycée, fermée durant l'été. Tout va bien jusqu'à la rentrée scolaire. De nouveaux rebondissements, cocasses et démesurés, attendent encore les lecteurs de ce classique de l'humour qui s'achève au nouvel anniversaire de Louis: son oncle écossais lui a envoyé une pierre qui se fissure comme un œuf…


"L'anniversaire de l'écureuil et autres histoires", de Toon Tellegen, illustré par Kitty Crowther, traduit du néerlandais par Véronique Roelaendt  (Albin Michel Jeunesse).

Venant à la suite de "Lettres de l'écureuil à la fourmi" (même éditeur), ce recueil réunit neuf histoires animalières qui sont autant d'occasions de fêtes: anniversaire, crémaillère, élégance... Un plaisant univers familier mais fantastique où écureuil, fourmi, éléphant, ours, hérisson... discourent avec humour de l'amitié.


"Le souhait de Treehorn", de Florence Parry Heide, illustré par Edward Gorey, traduit de l’américain par Oskar (Attila).

Un roman illustré qui clôt la trilogie entamée avec "Le rapetissement de Treehorn" (réédition de l'introuvable "Théophile a rétréci" à l'école des loisirs) et "Le trésor de Treehorn". Dans ce troisième volume, toujours finement illustré en noir et blanc, Treehorn s'apprête à fêter son anniversaire dans l'indifférence parentale, lorsqu'un génie surgit d’une jarre. Qui dit génie dit vœux à émettre. Trois évidemment. Une histoire joyeusement loufoque entre chapeau maternel vert, factures paternelles, employé du gaz et rêves d'enfant.


"La fête d'anniversaire", de Thé Tjong-Khing (Autrement Jeunesse).

Après "La course au gâteau" et "Le grand pique-nique", ce nouvel album sans texte raconte la fête d'anniversaire de Lapin. Les préparatifs, la décoration, le gâteau, tout tout tout, sauf que rien ne se passe comme imaginé. Pire même! Le collier de Madame Cochon a été volé. Qui est le coupable? Réponse dans les images, pleines de péripéties variées. En grand format, un humour simple et efficace.


"Le petit blond avec un mouton blanc", de Pierre Richard, illustré par Gwendal Le Bec (Albin Michel Jeunesse).

Pierre Richard n'a pas toujours été le Grand blond avec une chaussure noire. Il a aussi été un petit garçon – il est né le 16 août 1934 à Valenciennes. Jeune, on le surnommait… "le petit blond". Le gamin ébouriffé était alors accompagné d'un mouton blanc. C'est son enfance que l'acteur raconte en une trentaine de saynètes illustrées dans cet autoportrait original, plein de drôlerie et de poésie, annonciateur des qualités du futur comédien. Facétieux, l'ouvrage commence par une devinette. Le héros de la fête d'anniversaire a disparu au moment du gâteau mais on peut le retrouver en page 29, occupé à tout autre chose, avant que Pierre Richard ne réapparaisse et reçoive son cadeau, le mouton annoncé en titre.


"Petit lapin perdu", de Harry Horse traduit par de l'anglais par Claude Lager (l'école des loisirs/Pastel).

Quand Petit Lapin se réveille, il sait que ce jour n'est pas un jour comme les autres. "C'est mon anniversaire!" dit-il. "Je ne suis plus vraiment un petit lapin! Je suis un GRAND lapin maintenant!" Et pour fêter ce jour exceptionnel, ses parents l'emmènent au parc d'attractions car il en rêvait depuis longtemps. Mais il se rend bien vite compte que le parc d'attractions est, lui aussi, très très GRAND... qu'il est même GÉANT!


"Diego est arrivé", de Philippe Brasseur (l'école des loisirs/Pastel).

Tout commence le jour de l'anniversaire de Philibert, le narrateur: il reçoit Diego, un cheval, en cadeau de son parrain. Maman autorise son fils à le garder dans sa chambre. Au début, Diego sort le dimanche dans le jardin, en passant par la fenêtre. Plus après, son volume s'accordant mal avec le jardinage paternel. La plupart du temps, les deux comparses jouent dans la chambre du garçonnet. Pour ramener le calme dans la maison, Papa impose parfois la lecture d'un livre. Philibert sort le dernier bouquin reçu de son parrain, encore lui, un livre bourré d'images de chevaux qui donnent plein de nouvelles idées à Diego. Pas idéales pour le mobilier mais ouvrant à Philibert l'horizon de cavalcades infinies dans la forêt toute proche. Un album qui se moque allègrement du vraisemblable pour entraîner le lecteur dans des aventures originales, cultivant la bonne humeur et l'imagination.


"L'anniversaire d'Henri", de Jacques Duquennoy (Albin Michel Jeunesse).

On connaît bien Henri, le petit fantôme ami de Lucie, Georges et Edouard, dont une des particularités est de prendre la couleur de ce qu'il mange ou boit. Le revoilà en héros de fête d'anniversaire dans des pages qui bougent joyeusement. Quel plaisir de le voir avaler cookies, bonbons de couleur, menthe à l'eau, gâteau à bougies (quatre), avant une expédition décoiffante à la cave sombre, sombre, où s'est cachée tata Gligli!


"L'anniversaire d'Oscar", d'Etsuko Wanatabe (Seuil Jeunesse).

Oscar, le petit dernier de la famille croco, assiste aux préparatifs de sa fête d'anniversaire. Tout le monde s'y met, Papa, Maman, le grand frère et la grande sœur. Des images simples et colorées racontent l'essentiel des festivités, dont la fabrication du gâteau (recette jointe) mais les nombreuses tirettes, roues à tourner, volets à déplier et autres astuces techniques dépeignent aussi tout le reste, courses urgentes ou vie parallèle d'une famille souris.


Et encore


samedi 28 juillet 2012

L2 vine les pensées de la Reine


Et donc, les Jeux Olympiques seraient ouverts depuis hier soir.
Inaugurés comme il se doit, pour cette édition londonienne, par la Queen elle-même.

(c) Reuters.

A quoi songeait Elizabeth II pendant cette longue cérémonie vespérale, glorifiant beaucoup son pays, et un peu le sport?
Au livre qu'elle avait abandonné, obligée?
A celui qu'elle allait lire à son retour à Westminster?
Sait-elle qu'un de ses sujets, Alan Bennett, l'a immortalisée dans un excellent roman, se partageant entre la farce et la réflexion sur le pouvoir subversif de la lecture, "La reine des lectrices"?


Le moment est tout trouvé pour (re)plonger dans le petit bijou de roman qu'est "La Reine des lectrices", d'Alan Bennett (traduit de l'anglais par Pierre Ménard, éditions Denoël ou Folio), paru en français en janvier 2009.




On a découvert lors de sa parution que la Reine d'Angleterre est une super ambassadrice de la lecture.

Cela a commencé par accident, comme souvent.
Un jour qu'elle poursuivait ses chiens, tourneboulés par le bibliobus qui stationne chaque mercredi au château de Westminster, "près des poubelles", la Reine a, pour excuser leur tapage,  poliment emprunté un livre – un roman d’Ivy Compton-Burnett – et lié connaissance avec Norman Seakins, un jeune rouquin officiant dans ses cuisines, grand amateur de littérature gay.

Paf, le virus de la lecture l'a contaminée illico.
Depuis, elle se demande à chaque nouvel écrivain qu'elle découvre si elle ne l'aurait pas décoré, croisé... Elle a honoré tant d'obligations officielles. Elle a, car depuis qu'elle est possédée par les livres, elle fait tout pour esquiver les innombrables rendez-vous prévus à son agenda. Elle veut LIRE, rattraper son retard, LIRE, se retrouver dans d'autres mondes, LIRE, découvrir toujours davantage d'auteurs, LIRE.
Au point que son royaume jusque-là superbement organisé risque désormais le dérapage. "Je suis en train de lire", répète de plus en plus souvent la souveraine qui néglige désormais son agenda et multiplie les retards.

Friande des conseils de Norman, elle apprécie le format poche qui tient aisément dans un sac de dame. Car si, assise dans son carrosse, elle salue d'une main, de l'autre, l'insatiable poursuit sa lecture. La subversive occupation transforme Elizabeth, à l’étonnement, pour ne pas dire l’inquiétude, de son entourage, professionnel comme familial.

Elle n'en a cure, toute à sa découverte. "Elle découvrait également que chaque livre l'entraînait vers d'autres livres, que les portes ne cessaient de s'ouvrir, quels que soient les chemins empruntés".

Il n'y a pas meilleur ambassadeur pour la lecture que cet épatant roman, drôle de bout en bout, truffé de références, et à la finale inattendue. "La Reine des lectrices" s'avère particulièrement original et réussi, invitant un vent de liberté dans le cadre empesé de la Royauté.

Comme quoi, on peut être couronnée et novice en lecture, mais avide de découvrir, que ce soit "La poursuite de l'amour" de Nancy Mitford, Henry James, les sœurs Brontë, Jean Genet et bien d'autres...

lundi 9 juillet 2012

LA bien envie d'aider Ali Baba

Car Ali Baba, s'il est riche, il est perdu, et en plein désert en plus!

L'album de Perceval Barrier et Matthieu Sylvander, "Qui veut aider Ali Baba?" (L'école des loisirs) est idéal pour l'été.
D'abord parce qu'il est gorgé de soleil et que son jaune est excellent pour l'humeur.
Ensuite, et surtout, parce qu'il présente un texte assez long, imposant un certain temps de lecture, ce qu'on n'a pas nécessairement tous les jours de l'année.




Au début de l’album donc, le riche Ali Baba est perdu en plein désert. Son dromadaire lourdement chargé d’or et lui-même errent dans le sable infini.
A qui demander son chemin en ce lieu peu fréquenté ?
On se doute qu'Ali ne l'aura pas encore dans le baba, qu'il va rencontrer quelqu'un. En effet, au loin, surgit une oasis, habitée de surcroît.
Mais la vue est trompeuse, surtout quand l'envie est immense. Ce n'est pas un humain qui est installé dans le lieu verdoyant mais... un vautour. Un oiseau qui s'avère assez peu coopérant.


Le vautour est hautement conscient de sa mission sur terre. "Mon rôle est de nettoyer les squelettes des voyageurs égarés, pas de les aider à sortir du désert", déclare-t-il tout de go à Ali Baba.
Bigre! Rien n'y fait. Le volatile refuse envers et contre tout d’indiquer la sortie. Mais il veut bien accompagner dans sa recherche le duo qui devient dès lors un trio.

Après une longue marche dans le sable, les trois voyageurs découvrent une pyramide. Ils veulent y entrer mais la formule magique "Sésame, ouvre-toi !" ne fonctionne pas. Apparaît toutefois une momie qui semble s'y être fixée, mais qui a été dérangée dans son sommeil.
Pauvre Ali Baba, pauvre dromadaire, vont-ils un jour s'en sortir?
Mais si le trésor que convoient Ali Baba et son porteur à quatre pattes avait laissé le vautour insensible, elle inciterait bien la momie à se montrer coopérante, nom d'une bandelette!

Commence alors une incroyable errance dans les couloirs de la pyramide, un véritable labyrinthe dont ni Ali Baba ni le vautour ne voient la sortie- heureusement, on verra pourquoi à la fin, le dromadaire est resté dehors. La momie ne s’inquiète pas : la dernière fois, elle a mis trois mois pour retrouver son chemin mais elle s’en est sortie. Les deux autres rigolent moins. Ils auraient même immédiatement soif et faim…

Voilà un excellent album, de bonne longueur - ce qui est rare -, cuisiné à l’humour noir, plein de péripéties, de frissons et de rebondissements tortueux. Un génie de la lampe fera notamment son apparition, sans pour autant amener de réelles solutions. Sauf qu’Ali Baba est un malin et un finaud et qu’il se sortira finalement de ces innombrables chausse-trappes.
"Qui veut aider Ali Baba ?" est aussi un album drôle qui revisite les classiques, Ali Baba, la lampe, son génie. Et en plus, il fait réfléchir, car à la fin de l'histoire, Ali Baba, se retrouve au début, toujours aussi riche, et toujours aussi égaré. L’argent ne serait-il donc pas tout ?

jeudi 5 juillet 2012

L5 iète pour l'avenir du Prix Versele

 Le Prix Bernard Versele est une de ces spécialités belges que le monde nous envie, à raison. Que certains tentent de copier, sans jamais y arriver. Est-il voué à disparaître? L'inquiétude est grande en Belgique, et en France, où non seulement il est également organisé mais d'où sont originaires de nombreux lauréats.

Le prix Bernard Versele est un prix de littérature de jeunesse qui existe depuis plus de trente ans, le prix "chouette" a-t-on longtemps dit. Il appartient à la Ligue des familles, une asbl belge active dans le domaine familial. Il est né en 1979, année internationale de l'enfant, sous l'égide de Jacques Zwick. Son nom est l'hommage que le directeur de l'époque a voulu rendre à un jeune psychologue mort accidentellement l'année précédente.
Bernard Versele s'intéressait aux enfants dès la crèche et à la culture qui pouvait leur être proposée. Il avait travaillé et réfléchi sur la création d'un label de qualité pour les jouets et les livres d'enfants. Lui et une petite équipe avaient formé ce pari un peu fou: chaque année, faire voter les enfants pour leurs livres préférés. A ce moment, c'était suffisamment rare pour être remarqué et encouragé, ce que la Ligue fit remarquablement. Le destin lui a coupé les ailes. Mais son nom demeure, associé à une entreprise de qualité qui a aujourd'hui dépassé les trente ans!

La principale  particularité du prix Bernard Versele est qu'il compose le plus grand et le plus jeune jury littéraire de l'univers. Les années fastes, 60.000 enfants entre 3 et 13 ans y ont pris part.
Mais chacun est libre de lire dans la catégorie d'âge qu’il souhaite, ce qui a permis de jolies scènes de découverte tardive de la lecture : un "grand"de 12 ans, rebelle aux livres, apprenant par exemple tout d’un coup les lettres pour lire tout haut des livres aux petits en maternelle.
L'exercice 2012, qui a souffert comme les quatre précédents, de restrictions diverses, alignait quand même plus de 45.000 votants! Pas mal même s'il y en avait 2.000 de plus l'année avant! Car on peut estimer à plus du double le nombre d'enfants qui lisent les livres sans prendre part au vote. Faute de temps, par négligence, oubli, désintérêt, ou parce qu'ils n'ont pas trouvé l'accès au vote en ligne sur le site de la Ligue des Familles. Ce dernier point, on ne peut le leur reprocher, tant nous avons souvent peiné à nous y retrouver. 
Le plus simple serait évidemment de prévoir un onglet et un lien Prix Bernard Versele dès la page d'accueil du site de la Ligue,  www.citoyenparent.be. Une demande répétée avec insistance depuis des mois si pas des années et qui semble s'être en ce moment concrétisée. En page d'accueil, un  fil info tout neuf présente les résultats du prix Bernard Versele 2011-2012! On verra si, à la rentrée, le 2013 sera mis en avant de la même façon.


L'autre particularité de cette manifestation qui couvre toute l'année scolaire, c'est que les vingt-cinq titres actuellement présentés aux enfants (c'était trente jusqu'à il y a quelques années), cinq pour chacune des cinq catégories d'âge, sont choisis par plusieurs centaines de bénévoles tout au long d'un  processus démocratique s'étendant sur plusieurs années. Les canaux de diffusion des titres sont multiples, bibliothèques publiques ou des établissements scolaires, achats par les écoles ou par les profs, par les parents parfois ou par les librairies jeunesse qui prêtent ou louent les sélections.
Exemple. Nous sommes en juillet 2012. En septembre, l'édition 2012-2013 deviendra effective. Les enfants auront à leur disposition les titres sélectionnés. Mais c'est de justesse cette fois-ci: la commande vient seulement d'être passée en librairie. Comme si on pouvait, sous prétexte d'efficacité et de budget limité, songer en juin à faire un appel d'offres pour cette édition-ci.
Tout au long de l'année scolaire, les enfants sont invités à lire les titres sélectionnés, dans leur catégorie d'âge ou dans une autre, et à voter pour leurs préférés. Des bénévoles sont bien sûr encore là en soutien, quelle énergie, toutes ces petites fourmis! C'est une très belle mise en contact avec une littérature de jeunesse de qualité et un apprentissage de la démocratie, le vote de l'un n'étant pas forcément le vote de l'autre.
Fin avril, les votes sont clôturés et les décomptes livrent leur verdict.


La proclamation du palmarès du prix Bernard Versele a été pendant de très nombreuses années un événement culturel et festif particulièrement original: les auteurs des livres primés étaient invités début juin à  Bruxelles à assister à la mise en scène théâtrale que différentes classes proposaient de leurs albums ou de leurs romans.

2007, avec Radio Chocotoff (c) Le Soir
En 2007, c'était Chocotoff, une radio d'enfants qui avait superbement animé la cérémonie.
Malheureusement, depuis 2008, cette remise festive subsidiée par la Cocof (Commission communautaire française) a été annulée par le nouveau directeur de la Ligue des familles, Denis Lambert.




La communication autour du palmarès, privé désormais de dotation, a depuis diminué d'année en année. Au point que plus rien n'a été signalé du tout en ce mois de juin 2012. Il a fallu guetter la liste des lauréats, apparue sans tambour ni trompette, un matin sur le site de la Ligue!

Bénévoles au travail. (c) S. V.D.L.
Mais reprenons notre calendrier. C'est également en septembre que les bénévoles arrêtent leurs premières présélections de seize titres par catégories d'âge pour l'édition 2013-2014. Plusieurs bibliothèques font alors l'acquisition de ces listes de livres pour les mettre à la disposition des bénévoles qui,  au printemps suivant, 2013 dans ce cas, restreindront leurs choix à cinq livres seulement par tranche d'âge. Toujours le souci de faire participer le plus grand nombre.
C'est encore en septembre enfin que s'amorce le travail de présélection pour l'édition 2014-2015, le prix de vente d'un livre étant un des critères de cette opération qui veut rendre accessible au plus grand nombre une littérature de qualité.




Et c'est là que les choses coincent.
 
Depuis le début de l’année 2012, plus de deux cents bénévoles s’inquiètent d’éventuels changements dans l’organisation de leur prix chéri. Ils ont envoyé en avril une motion collective de désarroi aux membres du Conseil d’administration de la Ligue des familles, qui a été suivie de rendez-vous. Début juin, tous ces passeurs de livres enthousiastes ont distribué des tracts appelant les membres de l’assemblée générale à encore réfléchir.
Car ils redoutent le changement de fonctionnement envisagé un moment dans la présélection des titres : il ne serait plus fait appel à une équipe indépendante et compétente mais il serait proposé aux éditeurs de fournir une centaine d’exemplaires de titres qu’ils choisissent, sous réserve d’acceptation par un comité!
Les bénévoles craignent à raison qu’une transformation aussi radicale du prix lui fasse perdre son âme. Et eux qui sont au contact de tous les enfants de tous les coins de Belgique savent qu’une lecture de qualité, albums ou romans, passe par l’école, la bibliothèque et la famille.

De rendez-vous remis en réunion sans décision, les choses n'ont guère avancé. La prochaine édition devrait être garantie, mais les suivantes?

Les craintes se multiplient dont celle de la famille de Bernard Versele. Elle sait qu’elle n’a officiellement rien à dire mais s’inquiète par la voix de Paul Versele, frère cadet, à l’idée que Bernard Versele serait "enterré une seconde fois. Mon frère n’a rien inventé mais il s’est tourné vers l’enfance à une époque où on le faisait  peu. Son geste ne peut être trahi aujourd’hui. La Ligue des familles doit protéger ce prix de culture et de démocratie. »

Questions en France aussi où on demande ce que fait le ministre de la Culture belge. Pas grand-chose parce  que le contrat-programme qui lie Fadila Laanan, elle qui a créé le premier Grand prix triennal de littérature de jeunesse belge, à la Ligue des familles ne mentionne que des actions d’éducation permanente vis-à-vis des adultes. Et rien spécifiquement à propos du Prix Versele. 
Mais des mauvaises langues font remarquer que le montant des subventions a été établi du temps où la Ligue avait bien plus de membres qu’aujourd’hui.

D’autres se demandent si le prix doit rester à la Ligue dans ces conditions. Denis Lambert, son directeur général, rappelle à toute occasion que « le prix Bernard Versele appartient à la Ligue des familles » mais précise qu’ « il n’a pas de ligne budgétaire spécifique pour lui ».
La Cocof ( Commission communautaire française) est toujours prête à subsidier cette action qu’elle a soutenue jusqu’à l’arrivée de Denis Lambert mais ce dernier préfère ne plus rien lui demander.

Le directeur a aussi annoncé l’organisation d’une journée de réflexion, un forum, sur la place de la culture dans son mouvement le 22 septembre. C’est-à-dire au moment où se clôturent les premières présélections pour l’édition 2014 et où s’amorce le travail pour 2015. Les bénévoles et les membres se laisseront-ils convaincre de s’y rendre ? Certains chats échaudés par trop de réunions reportées craignent que ce soit  une nouvelle façon de remettre des décisions cruciales à plus tard. Ou à trop tard.


Et c'est ici que les choses s'organisent.


Une page Facebook a été créée par  Les amis du prix Bernard Versele
avec une jolie petite chouette verte qui lit. Il serait évidemment magnifique qu'elle soit rejointe par des milliers de sympathisants, si vous voyez ce que je veux dire...
Dans le descriptif de la page, on trouve un historique du prix et un état des lieux sur les nuages qui assombrissent son avenir.
Sur le mur,  des dizaines d’appels et de témoignages d’auteurs, de lauréats, de liseurs…



Une pétition a été mise en ligne sur le site www.petitions24. net, Appel pour le Versele.
 




Si le prix Bernard Versele n'a pas son égal en francophonie (les prix Tam-Tam français ou Enfantaisie en Suisse, également décernés par des enfants, sont bien plus petits) , plein de sites français relaient néanmoins sa situation,
Claude Ponti, dans un billet plein de colère sur le site du Muz
Sophie Van Der Linden sur son site
L'école des lettres sur son blog
et d'autres...


En attendant d'être fixé sur le futur, l'édition 2013 semblant actuellement sauvée et assurée d'être organisée "à l'ancienne", voici le palmarès 2012 complet, prix et labels (45.710 votes).

Catégorie 1 chouette

Prix: "Un livre", de Hervé Tullet (Bayard)

Label : "Petit gorille",
de Ruth Lercher Bornstein (Circonflexe)





Catégorie 2 chouettes

Prix: "Les deniers de Compère Lapin",
de Michèle Simonsen et Magali Le Huche (Didier Jeunesse)

Label : "L'écureuil et la première neige",
 de  Sébastien Meschenmoser (Minedition)





Catégorie 3 chouettes

Prix: "Faim de loup", d'Eric Pintus et Rémi Saillard (Didier Jeunesse)

Label : "Docteur Fred et Coco Dubuffet",
de  Catharina Valckx (Mouche de l'école des loisirs)





Catégorie 4 chouettes


Prix: "Le son des couleurs", de Jimmy Liao (Bayard)

Labels ex-aequo:
 "Le schmat doudou", de  Muriel Bloch, illustré par Joëlle Jolivet (Syros, Paroles de conteurs-Petites oreilles)

 et  
"Wa Zo Kong", de  Benoît Jacques (Benoît Jacques Books)




Catégorie 5 chouettes

Prix: "Les Willoughby",
 de Lois Lowry (Neuf de L’école des loisirs).

Label : "Enfant de la jungle", de  Michael Morpurgo (Gallimard Jeunesse)









Et voici les présélections pour 2013, les choix commencent à la prochaine rentrée scolaire et durent jusque fin avril.
Catégorie 1 chouette
1. "Orange Book 1,2…14 oranges", de Richard Mc Guire (Albin Michel Jeunesse)
2. "Où est passé papa ?", de Taro Gomi (Autrement Jeunesse)
3. "Heureusement", de Remy Charlip (MeMo)
4. "A-A-A-A-Atchoum !", de Philip C. Stead et Erin E. Stead (Kaléidoscope)
5. "Dans l'herbe", de Yukiko Kato et Komako Sakaï (L'école des loisirs)

Catégorie 2 chouettes
1. "Tétine Man", de Christophe Nicolas et Guillaume Long (Didier Jeunesse)
2. "Billy le môme", de Françoise de Guibert et Ronan Badel (Thierry Magnier)
3. "Préférerais-tu…", de John Burningham (Kaléidoscope)
4. "Haut les pattes !", de Catharina Valckx (L'école des loisirs)
5. "Sur ma tête", d'Emile Jadoul (Pastel)

Catégorie 3 chouettes
1. "Hardi Hérisson et autres poésies russes", illustrées par Delphine Chedru (Albin Michel Jeunesse)
2. "Les Listes de Wallace", de Barbara Bottner et  Gérald Kruglik, illustrées par Olof Landström (Casterman )
3."L'ours et le chat sauvage", de Komako Sakaï et Kazumi Yumoto (L'école des loisirs)
4. "Le mouton botté et le loup affamé", de Maritgen Matter et Jan Jutte  (L'école des loisirs)
5. "Ma petite voiture rouge", de Peter Schössow (Seuil Jeunesse)

Catégorie 4 chouettes
1. "Le secret de Garmann", de Stian Hole (Albin Michel Jeunesse)
2. "De quelle couleur est le vent?", d'Anne Herbauts (Casterman)
3. "Les enfants, le shérif et les affreux", de Mathis (Thierry Magnier)
4. "Lettres à plumes et à poils", de Philippe Lechermeier et Delphine Perret (Thierry Magnier)
5. "Le jeu des sept cailloux", de Dominique Sampiero et Zaü (Grasset Jeunesse)

Catégorie 5 chouettes
1."L'Arbre Rouge", de Shaun Tan (Gallimard Jeunesse)
2. "Babyfaces", de Marie Desplechin (L'école des loisirs)
3. "Les sorcières de Skelleftestad", tome 1, de Jean-François Chabas (L'école des loisirs)
4. "Noir et Blanc", de David Macaulay (Le Genévrier)
5. "Le maître des estampes", de Thierry Dedieu (Seuil Jeunesse)

mercredi 4 juillet 2012

LA vu la couv de Mme Rowling

Voici donc à quoi ressemblera "The Casual Vacancy", de Joanne Kathleen Rowling.
La couverture a été dévoilée hier par l'éditeur Little, Brown and Company.




Un joli air d'Espagne, 512 pages dans la version anglaise, la présentation de son nom analogue à celle de la saga Harry Potter.

La traduction française, due à Pierre Demarty, sera, rappelons-le, éditée chez Grasset sous le titre "Une place à prendre".

Toutes les versions sortent le 27 septembre avec embargo bien entendu! Faut-il créer la demande?

Dans ce premier roman pour adultes, J.K. Rowling s'éloigne de l'univers de son célèbre sorcier, Harry Potter. Elle plante son décor dans la bourgade britannique fictive de Pagford, où la mort soudaine du conseiller Barry Fairweather va semer la discorde. Avec sa place de marché pavée et son abbaye, Pagford pourrait ressembler à un paradis anglais, mais derrière cette jolie façade se cache une ville en guerre... Un roman annoncé comme teinté d'humour noir.