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vendredi 24 octobre 2014

Vive les chroniques dessinées de "La pause"

Les exercices d'admiration sont souvent compliqués à réaliser. Jusqu'où aller? Où s'arrêter?  Comment être crédible surtout, déployer un tapis rouge assez vif vers un livre qu'on a apprécié,  tenter de partager un enthousiasme? Vraiment, ce n'est pas simple. Il est tellement plus facile de descendre un bouquin qu'on n'a pas aimé ou de dégommer un auteur énervant. C'est même, il faut l'avouer, très amusant. Et les exécuteurs ne manquent pas. Flinguons, flinguons. Mais que reste-t-il à lire alors?

Il est donc d'autant plus agréable de découvrir un ouvrage positif comme "La pause" de Jean-Baptiste Gendarme et Alban Perinet (Calmann-Lévy, 96 pages). En format en hauteur, ce "Petit panorama de la littérature contemporaine" comme le présentent ses auteurs, compères à la revue littéraire "Décapage" (où existe déjà la rubrique "La pause",  consultable ici) donne une furieuse envie de lire, ou de relire, les livres présentés de cette si belle façon.

L'ouvrage illustré a la forme d'une bande dessinée, soit nonante planches où des personnages, un, deux, trois ou quatre selon les pages, s'expriment à propos d'une parution récente. A leur manière. Nonante chroniques dessinées en douze cases chaque fois où des individus discutent ou présentent un livre. Barack et Michelle Obama ouvrent "La pause" avec "La très bouleversante confession de l'homme qui a abattu le plus grand fils de pute que la terre ait porté", de Stéphane Adely, sur les soldats américains en Afghanistan. Ils ont cet honneur car "La pause" suit l'ordre alphabétique des auteurs choisis - toutes les références bibliographiques figurent en dernière page.

In "La pause". (c) calmann-lévy.

Souvent ce sont des paires qui sont à l’œuvre, dont le choix n'est bien sûr pas anodin: des pompiers pour "Place de Manaccora, 16h30" de Philippe Jaenada, des Français pour "La disparition de Jim Sullivan" de Tanguy Viel. des femmes enceintes pour "Tom est mort" de Marie Darrieussecq, des catcheurs pour "En finir avec Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis... Autant de personnages de papier bien trouvés qui devisent avec pertinence. Le ton des textes de Jean-Baptiste Gendarme est très plaisant car les soliloques ou les dialogues entre les personnages multiplient les manières de présenter le thème des livres. Et les images d'Alban Perinet, répétées à raison de douze à chaque planche, créent une ambiance particulière, attisant l'attention.

In "La pause". (c) calmann-lévy.

L'ensemble est extrêmement réussi. "La pause" présente une sorte de bibliothèque idéale en nonante titres, dont deux albums pour enfants et six romans graphiques. Bien sûr, il y a des manques ou des oublis, ou des injustices, les auteurs sont les premiers à le reconnaître. "Nous avons sélectionné les romans qu'on recommanderait à un correspondant américain qui souhaiterait découvrir la littérature française contemporaine." Mais il y a surtout nonante livres lus et autant d'enthousiasmes communicatifs. D'Adely à Weyergans, en passant par Carrère, Djian, Ernaux, Ferrari, Houellebecq, Modiano, Topor, sans oublier Almendros, Bizot, Blexbolex, Kuperman, Le Huche, Oster, Ovaldé, Perret, Sattouf, Vinau et les autres.

In "La pause". (c) calmann-lévy.



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