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samedi 1 avril 2017

Athènes, par les fenêtres de ses habitants

Première vue sur Athènes depuis une fenêtre. (c) Editions Agra.

Athènes, c'est quoi? L'Acropole, le Parthénon pour les uns, les Jeux Olympiques de 2004 pour les autres, la capitale d'un pays européen en grande souffrance pour d'autres encore.

Athènes est aussi une ville qui vit comme en témoigne avec originalité et respect le nouvel album photographique orchestré par Ianna Andréadis. "Fenêtres sur Athènes, AΘΗΝΑ ΘΕΑ" (Editions Agra, 224 pages),  magnifique dans sa suite de photos brillamment agencées, est la concrétisation d'un projet participatif.

"Fenêtres sur Athènes", un titre qui répond subtilement aux citations qui l'introduisent. Par exemple, celle de Rainer Maria Rilke: "N'es-tu pas notre géométrie, fenêtre, très simple forme qui sans effort circonscrit notre vie énorme?" A parcourir les pages, à laisser les yeux se poser sur les clichés, y voguer, on se dit que c'est exactement ça, la vie, avec tout ce qu'elle est, cerclée par le cadre de la fenêtre.

Bilingue grec-français, l'ouvrage en format à l'italienne s'ouvre sur une série de textes écrits par Jean-Christophe Bailly, Yannis Tsiomis,  Denys Zacharopulos et Aude Mathé. Suivent 180 photos sur simple ou double page, légendées du nom de leur auteur et de la localisation du lieu photographié, composant une vision inédite mais spontanée de la ville. Voilà une manière formidablement réussie de montrer qu'Athènes est aussi une ville d'aujourd'hui. Une ville que l'on perçoit par l'image qu'en font ses habitants et non par un guide officiel. Une ville aux fenêtres, anciennes ou modernes, ouvertes ou fermées...

Peut-être l'appellation "AΘΗΝΑ ΘΕΑ" vous est-elle familière si vous êtes usager de Facebook? C'est en effet sur le réseau social qu'est né le projet artistique coopératif de Ianna Andréadis (voir ici). Dès janvier 2013, elle a demandé aux habitants d'Athènes, ville où elle est née, de lui envoyer la photo - en couleurs pour être plus proche de la réalité - de ce qu'ils voyaient par leur fenêtre. Une seule obligation: que ces vues d'Athènes comportent toujours le cadre (en tout ou en partie) de la fenêtre d'où elles étaient prises.

Les photos ont afflué. "Depuis quatre ans que j'ai commencé le projet sur Facebook", me dit-elle, "j'ai reçu plus de douze mille photos! Parmi celles-là, j'en ai choisi plus de mille neuf cents que j'ai publiées quotidiennement sur la page du projet." Elle dénombre cinq cent vingt participants différents au projet, dont septante sont des visiteurs ou des touristes, de passage à Athènes.

Les premiers choix posés pour le réseau social, il lui a fallu en faire d'autres, difficiles on l'imagine, pour le livre et l'exposition qui l'a précédé (Cité de l'architecture et du patrimoine de Paris, de novembre 2015 à février 2016; Musée Benaki d'Athènes, de décembre 2016 à janvier 2017). "Pour le choix définitif en vue du livre et de l'expo", précise Ianna Andréadis, "j'ai voulu montrer toutes les facettes d'Athènes, aussi bien celles qui sont spectaculaires, comme l'Acropole telle qu'elle est vue au quotidien, que celles qui sont plus ordinaires, des vis-à-vis, des arrière-cours, même des vues aveugles. Ensemble, elles révèlent la diversité de la ville, le propre d'Athènes."

Et c'est fou comme le livre réussit à confronter les regards des habitants sur leur ville. Plaisir supplémentaire, l'architecte du projet agence les photos dans des suites dont la logique se perçoit avec plaisir, inspirée de près ou de loin par le principe du marabout-boutdeficelle... "Pour la construction du livre", détaille-t-elle, "j'ai d'abord conçu les doubles pages en faisant dialoguer les photos: juxtapositions par analogie ou contraste, couleurs, compositions de l'image, sujet, architecture, quartier... Je voulais provoquer des surprises à chaque double page. Pour l'organisation finale du chemin de fer,  j'ai assemblé ces doubles pages comme un jeu de dominos, en ajoutant quelques photos reproduites en double page pour ponctuer et donner un rythme au livre. La collaboration avec mon éditeur Stavros Petsopoulos (Editions Agra) été précieuse pour donner au livre la forme juste."

Résultat, un album photographique riche et surprenant qui, chaque fois qu'on l'examine, nous révèle une autre facette de la cité athénienne, où voisinent de jour comme de nuit, hier, aujourd'hui et demain. Panneaux photovoltaïques et paraboles sur les toits des immeubles jouxtant l'Acropole, lessives mises à sécher et constructions ultra-modernes, fers forgés anciens et street art, climatiseurs et laine à tricoter, tuiles arrondies et terrasses aux structures en alu, escaliers tournants et plantations potagères... Peu d'humains finalement mais leurs traces sont omniprésentes. Et toujours ce ciel, à l'impressionnante gamme chromatique!





Les premières doubles du livre, qui montrent bien les vues des fenêtres et
le jeu graphique d'une photo à l'autre. (c) Ianna Andréadis/Editions Agra.


"Fenêtres sur Athènes" n'est pas diffusé en Belgique pour l'instant mais il est possible de le commander via la librairie Le Moniteur à Paris: http://www.librairiedumoniteur.com/fenetres-sur-athenes-andreadis-ianna,fr,4,9789605052676.cfm




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